18.07.2011
POSTHISTORIQUES
Les Posthistoriques, ce sont les débuts dans la Sculpture. Voie explorée avec passion et bonheur, mais qui a dû s'arrêter de soi-même. Non que la voie soit sans intérêt, loin de là. Mais les Posthistoriques sont bien trop fragiles, et donc tout-à-fait intransportables, et par conséquent totalement inexposables. Que peut-il y avoir de pire pour de la sculpture ?
...Extraits de SCULPTEUR !
CAILLOUX
Sur l’esplanade des Invalides, ou sur le Champs de Mars, ou sur n’importe quelle place de ville, de village, ou sur n’importe quel chemin de campagne, ou sur n’importe quel rivage, ou sur n’importe quelle montagne... Partout, on peut se baisser pour observer les merveilleux cailloux sur lesquels on marche irrévérencieusement.
Les matières sont tellement diversifiées ; et les aspects ; et les formes.
Et on peut avoir ainsi d’étonnantes surprises : on peut faire la trouvaille ainsi d’une jambe en caillou, d’une cuisse en caillou, d’un bras en caillou, d’un avant-bras, d’un poing, d’un pied, d’un thorax, d’un ventre, et, le plus stupéfiant de tous, d’une tête ! Tête animale ! Tête humaine!
C’est après avoir eu la curiosité de me baisser et de regarder, et c’est après avoir trouvé une ou deux têtes que j’ai fait cette découverte capitale pour l’humanité.
C’est après avoir trouvé trois ou quatre têtes que je me suis mis à rechercher thorax, bras, poing... Et j’en ai trouvé. Nous marchons sur des thorax, sur des jambes, sur des têtes, sans y prendre garde !
Les ramasser, les laver, les sécher, les assembler, les coller, les consolider, et finalement reconstituer un corps.
Ainsi en ai-je fait, après la découverte des premiers éléments d’un corps dispersé sur l’esplanade des Invalides. D’un corps d’après le passage de la bombe atomique, certes. Suscitant d’autant plus la compassion.
Une petite statuette il devint.
Suivi de trois.
Puis d’une douzaine.
POSTHISTORIQUES 1
Les Posthistoriques, que je les ai appelées.
Là encore, il s’agit d’une histoire de regard. C’est le regard qui transforme le caillou en tête, en poing, en mollet.Le collage des différents cailloux fait le reste en rendant lisibles les différentes parties du corps. Et le thorax improbable devient thorax, la cuisse invraisemblable une cuisse. Et le personnage surgit de l’impossible, imparable.
Le travail du sculpteur s’apparente ici à celui de l’archéologue : fouille patiente, découvertes, isolement des bonnes pièces, lavage à la brosse à dents, séchage patient, tentative de reconstitution, échec, nouvelle tentative, collage des éléments...
Archéologue. Reconstituer une sculpture, disséminée sur une place publique ou sur un sentier de montage.Et dont les divers éléments ont été modelés par les divers soubresauts de la nature.
Admettons exceptionnellement qu’on appellerait dieu l’ensemble des phénomènes naturels qui ont façonné les objets célestes, et leurs matériaux composants, comme par exemple, au hasard,les cailloux.En tant qu’insondable mystère de la constitution de la matière, des formes, des couleurs. Une sculpture disséminée quelque part, faite par dieu, donc. Reconstituer une sculpture de dieu.
Nous foulons au pied chaque jour des fragments de sculptures de dieu ! Reconstituer une statue de dieu. Humblement.
Sculpteur colleur en fait.
Archéologue de l’insondable qu’il se dit.
POSTHISTORIQUES 2
Après la lecture de Voyage en Grande Garabagne de Henri Michaux, j'ai décidé de donner forme à ces peuples mythiques et fictifs. Ainsi sont nées ces sculptures.
Posthistoriques est donc clairement un hommage à Voyage en Grande Garabagne.
Voyage en Grande Garabagne de Henri Michaux reste, avec Feuilles de routes de Blaise Cendrars, un de mes deux livres préférés. Sans cesse relus l'un comme l'autre.
© Michel Cand
13:39 Publié dans Sculpture... POSTHISTOIRE | Tags : posthitorique, galets, michel cand, voyage en grande garabagne, henri michaux | Lien permanent | Commentaires (0)