19.06.2011
MICHEL CAND ECRITURES
Cette rubrique est consacrée à cette folie : l'écriture. Entre autres, elle tente de donner des réponses aux questions qu'on pose le plus souvent sur les publications de Michel Cand.
...Questionnaire de Proust
OUEST FRANCE
A l'occasion d'une lecture de LAPIDAIRE : de la sculpture, vite ! en Pays de Quimperlé, Renaud Parouty, journaliste à Ouest France, me demande de répondre à certaines questions du fameux Questionnaire de Proust. Voici :
. Le principal trait de votre caractère ? Aussi caractériel que les autres...
· La qualité que je préfère chez les hommes : L'imagination...
· La qualité que je préfère chez les femmes : La licence...
· Mon principal défaut : Ne pas être né cormoran...
· Ma principale qualité : Mon monde intérieur...
· Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : La sincérité...
· Mon occupation préférée : Écrire...
· Mon rêve de bonheur : Avoir des racines...
· Quel serait mon plus grand malheur ? Ne plus savoir goûter les moments de bonheur...
· À part moi–même, qui voudrais-je être ? Toi...
· Où aimerais-je vivre ? En un perpétuel voyage...
· La couleur que je préfère : La couleur que je ne connais pas encore...
· La fleur que j'aime : La fleur des champs...
· L'oiseau que je préfère : L'oiseau le plus migrateur...
...A propos de l'écriture
DE L'ECRITURE
L'écriture ne nécessite aucun instrument, aucun matériau, aucun matériel, contrairement aux autres arts comme la musique, la sculpture, la peinture, etc.
Juste du papier et un crayon.
C'est l'art le plus à la portée de tout un chacun. Celui que l'on peut pratiquer tous. N'importe où. N'importe quand. Le plus démocratique...
Ce qui ne signifie pas que c'est le plus facile ! Bien au contraire, c'est l'art qui n'a pas de garde-fou, qui ne peut se raccrocher à la beauté d'un matériau, à la joliesse d'une couleur, à la douceur d'un timbre. L'art qui ne peut se raccrocher à rien.
Le poète travaille sans filet.
ECRIRE
Ecrire, c'est dire, mais en mieux. C'est peaufiner la parole jusqu'à ce qu'elle soit la plus belle, la plus forte, la plus juste, la plus profonde.
Dans l'écriture, on est face à soi-même, seul comme jamais. On peut se décevoir, être dans l'impasse, dans le terrible, de quoi se suicider, comme on peut être dans les étoiles, dans le merveilleux, de quoi nourrir toute une vie.
Dans l'écriture, on est seul face à soi, et de soi il y a des choses qui ont besoin d'être fixées, pour ne pas être oubliées et perdues à jamais. La nécessité d'écrire.
DU LECTORAT AU MECENAT
L'éditeur prend un risque en éditant le premier livre d'un auteur inconnu. Editera-t-il un second livre du même auteur ? Un troisième ? Non si c'est un bide commercial, car il y a perdu de l'argent. Oui si le livre est lu. C'est à dire aussi acheté.
Le lecteur est un mécène. Le lecteur est un mécène qui s'ignore. Mes lecteurs sont mes mécènes. Sans eux, existerais-je en tant qu'écrivain ?
Je tiens à remercier mes lecteurs, qui par leurs lectures, leurs commentaires, leurs bouche à oreille, ont soutenu mon écriture, l'ont colportée, lui ont donné des ailes. Je tiens à remercier mes mécènes.
DE LA VENTE
Aujourd'hui, même si il a le meilleur éditeur du monde, l'écrivain est contraint de fait de devenir son propre vendeur. Incroyable !
L'écrivain a-t-il quelque chose en commun avec le métier de vendeur ? L'écrivain, normalement, écrit, ce qui est très solitaire, et le vendeur vend, avec un savoir faire qui ne s'invente pas...
C'est donc à l'écrivain, théoriquement, de contacter bibliothèques, festivals, journalistes, et même libraires !... S'il en a le loisir ou la capacité... Sinon, l'oeuvre d'une vie sera découverte une ou deux générations plus tard, comme ce fut le cas pour Rimbaud ou Baudelaire...
Scandaleux.
...A propos de LAPIDAIRE : DE LA SCULPTURE, VITE !
DEDICACE
Lapidaire est dédié à Yannice, mon fils. C'est pour lui que je l'ai écrit.
Quand il avait 4 ans, j'ai commencé à prendre en note ce que je voulais lui transmettre sur cet art majeur que je pratique, la sculpture. Les notes se sont amplifiées, se sont accumulées, jusqu'à ce que je me rende compte qu'elles étaient matière à un livre.
Livre que j'ai accompli. Pour lui. Quand on s'adresse à son fils, on ne peut mentir, tricher, être creux et vain. C'est à cette hauteur que j'ai tenté de situer ce livre.
20 ANS !
Lapidaire a été écrit sur vingt ans.
Vingt ans de pratique de la sculpture. Maisaussi vingt ans de connaissances sur la sculpture, de découvertes, d'interrogations, d'investigations.
Mais aussi vingt ans de balades dans Paris, et en France, sous terre et dans les cieux. Mais aussi vingt ans de voyage en Europe, de la Grèce à l'Estonie. En Asie, de l'Inde au Vietnam. En Afrique, du Burkina Faso à l'Algérie. En Amérique, du Québec au Brésil.
Mais aussi balade dans le temps, de la préhistoire à la protohistoire, de l'antiquité au moyen âge, de l'âge classique à la période contemporaine.
...A propos de PSORIASIS DE L'ETERNITE, trilogie
26 ANNEES !...
Il s'agit en effet d'une œuvre qui est vraisemblablement sans équivalent, au moins à ma connaissance : les trois volumes de Psoriasis de l'Eternité contiennent en effet 26 années d'écriture et de réécriture et de re-réécriture, jusqu'à ce que chacun des quelque 785 poèmes aient atteint la plénitude de leur sens et la perfection de leur forme...
Cette entreprise folle m'a été dictée par l'exigence de n'avoir jamais à rougir de mon œuvre, et que le seul type d'écrit qu'on peut laisser derrière soit est le chef-d'œuvre. Quelle ambition démesurée ! Mais je m'y suis tenu... Ce sont mes chefs-d'œuvre personnels. Mais sont-ce des chefs-d'œuvre de l'humanité ? Ceci est une autre histoire...
Je me rappelle les paroles de feu mon meilleur ami Michel Aurélien Birger disparu il y a plus de trente ans : "Ecrire un chef-d'œuvre, sinon rien."
Je me rappelle aussi de ce que m'a dit l'éditeur José Corti dans sa librairie de la rue Médicis quand, âgé de 17 ans, j'ai apporté timidement mes poèmes : "Quand il n'y aura plus un mot, plus une virgule à changer, alors un texte peut être proposé à la publication." J'ai remballé mes poèmes sans les lui montrer, et je suis sorti...
Psoriasis de l'Eternité, commencé le 2 juillet 1985, terminé en 2008, laissé de côté un an, le temps d'écrire et de publier Cosmologie Interne, repris en 2009 pour élaguer les 927 poèmes, dont 785 seulement seront retenus... Jusqu'à la publication du troisième et dernier volume de cette trilogie le 8 juillet 2011... 26 années et 6 jours d'écriture, quelle histoire !...
QUI EST " IL " ?...
Mais qui est donc ce " il " omniprésent comme sujet et personnage principal de la trilogie ?
" Il " serait-il un " je " déguisé ? Peut-être plutôt un " je "distancié. Probable parfois, mais pas toujours...
Parfois " il " est un individu lambda, un être humain, un congénaire. Tel qu'il a été observé. Dans ses travers ordinaires...
Mais parfois aussi " il " représente l'humanité toute entière...
Ah, ces " il " qui glissent entre les doigts de la compréhension !
QUI EST " ELLE " ?...
Il est plus aisé de catégoriser " elle ". En apparence au moins....
" Elle " est clairement la femme aimée...
Mais " elle " peut être aussi une femme lambda, observée elle aussi dans ses travers ordinaires à travers des femmes croisées...
Mais " elle " peut être aussi la gente féminine en général...
Mais " elle " peut être également la fameuse et incontournable femme idéale...
Mais " elle " peut être également un " je " déguisé ? Peut-être plutôt distancié...
Ah, ces " elle " fuyants et protéïformes, qui glissent entre les doigts de l'esprit !
DE LA FAUTE DE GRAMMAIRE...
De la faute de grammaire considérée comme un des beaux arts.
La faute de grammaire en français est considérée comme grave, et elle est éliminatoire, et permet par là même de dégager une élite. Mais elle est surtout gravissime chez un écrivain, quasi mortelle. Elle est un tabou !
Mais pourquoi ne pas délibérément l'utiliser stylistiquement ?
Pourquoi, au delà des tabous, ne pas en faire une vraie figure de style ? Puisque la faute de grammaire, c'est sûr, est expressive. Et bien sûr porteuse de sens. Mais pas uniquement de manière négative.
Evidemment sa subtilité fait qu'elle n'est perceptible que par qui maîtrise parfaitement la langue française, cette langue qui est tellement complexe qu'il y a même un championnat du monde d'orthographe française, où le gagnant n'a pas forcément zéro faute...
HOMMAGES
Quelques poèmes sont des hommages clairs à des écrivains immortels...
A Marcel Proust (poème 84 d'Ebullition). A Arthur Rimbaud (poème 207 d'Ebullition). A Fernando Pessoa (poème 180 d'Elévation), etc.
Les références à Henri Michaux, à Blaise Cendrars, à Charles Baudelaire, à Arthur Rimbaud, à Paul Eluard, à Jean Cocteau, etc., sont forcément présentes : admiration oblige...
TITRE
La question qui m'est le plus fréquemment posée, inévitablement, est le pourquoi du titre : PSORIASIS DE L'ETERNITE. Alors, je me dois d'y apporter une réponse...
Et si l'humanité, dans le cadre de cette éternité qui nous enveloppe, était comme une maladie, mais une maladie superficielle bien sûr (les insectes paraît-il nous survivraient)...
ROMANS
Une lectrice me déclara, après avoir lu ELEVATION : " Chacun de tes poèmes est un miniroman... " Ah là là, quelle lectrice perspicace !
Cette phrase me touche énormément : PSORIASIS DE L'ETERNITE s'est en effet appelé ROMANS pendant 25 années. Jusqu'à ce qu'il ait fallu lui trouver un vrai titre. Pour publication.
...A propos de COSMOLOGIE INTERNE
ECRITURE
Cosmologie Interne est aussi une aventure d'écriture très particulière...
Imaginer et créer les conditions, décider du moment et du lieu, prévoir le temps nécessaire à l'écriture afin de pouvoir s'y tenir, et puis le moment venu, aller jusqu'au bout...
Trois heures d'écriture non stop, afin de ne pas perdre le fil et la veine. Afin de créer une unité profonde. Tout Cosmologie Interne est écrit ainsi...
Et puis, pendant six mois, encore et toujours, réécrire et réécrire encore, quotidiennement, jusqu'à ce que chacun des 65 poèmes qui le composent ait atteint sa pleinitude...
DEDICACE
Cosmologie Interne est dédicacé...
"A Hong An
la plus proche et la plus lointaine "
...qui avait été contrainte de quitter la France...
...qui se trouvait alors à l'autre extrémité du continent eurasiatique, sous la mousson de Hanoï...
PUBLICATION
Février 2008, la veille de partir vers Hanoï, je poste le tapuscrit de Cosmologie Interne vers une vingtaine d'éditeurs...
A mon retour, deux semaines plus tard, je trouve les lettres d'accord de Paul Sanda, poète, directeur de la Maison des Surréalistes de Cordes-sur-Ciel, directeur de publication aux Editions Rafael de Surtis, et d'un éditeur québécois...
Cosmologie Interne, bien qu'écrit après Psoriasis de l'Eternité, paraît avant...
...A propos des éditions RAFAEL de SURTIS
FIL D'ORTIE
Les livres des Editions Rafael de Surtis sont de beaux objets. Présentation sobre et élégante, papier et carton de couverture de qualité, police choisie, mise en page soignée, couture et collage faits à la main. Quelque chose comme un raffinement simple...
Mais, même quand on le sait, le plus stupéfiant est ce fil de couture qui unit entre eux les feuillets : ce fil est de l'authentique... fil d'ortie ! Un fil issu de l'artisanat local...
Les livres sont composés et mis en page par Paul Sanda, réalisés et imprimés par Rafael de Surtis, dans un des plus beaux villages de France, Corde sur Ciel, dans le Tarn, une bastide médiévale.
© Michel Cand
12:00 Publié dans Écriture... ÉCRITURES | Tags : michel cand, yannice, nguyen hong an, rafael de surtis, écrire, écriture, yannice cand, paul sanda | Lien permanent | Commentaires (0)